Réflexions sur l'origine de l'Univers 

 

Le débat sur l’existence de Dieu, être suprême éternel et parfait, créateur de l’univers, est légitime dans une société libre et démocratique.  Il est cependant souvent trop biaisé par des considérations polémiques, émotionnelles, irrationnelles. Des scientifiques éminents se prennent pour des théologiens du matérialisme et des croyants militants veulent remplacer l’analyse rationnelle par une lecture littérale des livres sacrés.

Faisons donc table rase à l’instar de l’illustre Descartes et constatons d’abord l’incontestable vérité suivante :

L’être est.

Parménide avait ajouté : le non-être n’est pas. Cette adjonction n’est peut-être pas très utile et il n’est d’ailleurs pas sûr que l’on puisse concevoir un non-être. En revanche, la question suivante est redoutable :

 

L’être peut-il émerger du néant ?

Aucun philosophe sérieux, me semble-t-il, oserait l’affirmer. Quant aux scientifiques… on entend de curieuses choses, telles que « l’univers est venu de rien, d’une fluctuation quantique… ». Comment le néant pourrait-il fluctuer ? Une fluctuation, c’est un mouvement, et seule une chose qui est peut bouger. Le néant, par définition, ne bouge pas, ne change pas. Il est immuable. Je ne suis toujours pas sûr que, quelque part ou à une quelconque époque, on puisse parler de néant. Je pense pour ma part qu’il est profondément irrationnel et illogique de prétendre qu’une quelconque particule de matière, que le moindre boson ou quark puisse se créer lui-même à partir de rien. Alors, l’Univers, ses milliards de milliards de galaxies… On sait d’ailleurs que cet Univers, avec son temps et son espace, mais aussi ses lois, est né il y a 13.7 milliards d’années dans une immense expansion nommée Big Bang qui se poursuit d’ailleurs toujours et n’est pas près de s’arrêter. Je reviens au néant et déclare avec assurance qu’il ne peut produire quoi que ce soit. Car pour produire, il faut une matière première. Or le néant, justement, n’a rien à offrir de ce genre. Conclusion à ce stade :

L’être ne peut venir que de l’être.

Cette constatation limpide nous permet de dire maintenant ceci :

Notre Univers a bien dû venir de quelque chose ou de quelqu’un.

Voyons maintenant ce qu’est cet Univers. Tout en présentant (la mécanique quantique l’a démontré) une part non négligeable d’aléatoire, il est tout de même très solidement charpenté avec un réglage extrêmement fin de son expansion, avec des lois physiques bien connues, avec des types de particules en nombre assez réduit (6 groupes de 4) mais qui forment une matière très cohérente (dont seuls 4 % sont visibles), avec, au moins sur notre planète, une vie capable de se nourrir et de se reproduire depuis plus de 3 milliards d’années.  Mais il y a plus : sur cette même planète, il y a une espèce dite « homme » qui a développé des capacités inouïes de réflexion, de conception, de construction, d’art, d’amour et aussi de guerre d’ailleurs, au point de transformer profondément son environnement et d’être devenue capable de comprendre en partie l’histoire de l’Univers et son fonctionnement dans l’infiniment grand et l’infiniment petit. En résumé :

Cet Univers a de la complexité, de la structure, de la vie, de la conscience et de la pensée.

Dire qu’un tel Univers si incroyablement généreux dans ce qu’il a à offrir puisse venir de quelque chose d’inerte et de non-pensant me paraît inconcevable. Mais bon. Laissons ouverte cette porte. L’autre solution est bien évidemment celle d’un Etre supérieur (ne disons pas tout-puissant, mais en tout cas très, très puissant…) qui a créé tout cela par des mécanismes qui nous échappent bien sûr, mais en puisant dans son être sans doute. On peut aussi imaginer plusieurs êtres créateurs, mais toujours immensément puissants. Dès lors, l’alternative sur l’origine de l’Univers ne peut être que celle-ci :

L’Univers vient soit d’un Etre très puissant qui l’a créé (voire de plusieurs), soit d’un autre Univers antérieur à lui.

Effectivement, les athées de toutes obédiences cherchent tous à contourner l’obstacle de l’origine, du début de l’Univers, en général en affirmant qu’il y a des milliards d’Univers dont le nôtre est le seul à fonctionner comme cela, ou en disant que si l’Univers n’était pas réglé comme cela, nous ne serions pas là, ou qu’il y a une théorie unique expliquant tout, etc. Inutile de dire toutefois que s’il existait des milliards d’Univers aux côtés de celui-ci, ou s’il en avait existé avant lui, ces théoriciens n’auraient pas progressé d’un millimètre dans la résolution de la question fondamentale : d’où viennent tous ces Univers ? Et puis, comment la complexité, la richesse et la structure seraient-elles venues à ces autres Univers « préalables » ou « parallèles » dont viendraient immanquablement la complexité, la richesse et la structure du nôtre ?

Pour moi, même si cela paraît « facile », l’hypothèse d’un Créateur extrêmement puissant (éventuellement de plusieurs) est la seule logique et j’affirme sur un seul point de vue rationnel :

L’Univers vient d’un Etre créateur (au moins).

Pour la suite de l’exposé, il y aura plus de poésie, de foi, de suppositions, d’intuitions. Mais à ce stade, je tiens à rester sur le terrain de la raison et de la logique.

 

Pierre Gauye

14.07.2012

Cet Univers a été pensé

Le moindre cristal de neige ou de roche est un prodige. Comment peut-on être non-croyant face à cela ? De la matière inerte (non soupçonnée d'évolution darwinienne..........) est structurée comme nos constructions humaines. Elle produit des arêtes rectilignes, des volumes aux faces planes. Et les nombreux réglages fins (densité-expansion, proton-neutron...), ne postulent-ils pas inévitablement un Technicien hors pair? 

Cet Univers n'est pas le résultat d'un processus aveugle et hasardeux. Il a manifestement été pensé.

Pierre Gauye
7.12.2013

Et de là à dire qu'il a été aimé... On peut le croire. En tout cas, l'Univers est généreux, multiforme, d'une beauté à couper le souffle. Il est aussi rude et inhabitable.... sauf sur Terre. (Selon ce que l'on sait mais aussi très probablement selon une logique voulant que notre situation privilégiée ne soit que très, très, très difficilement reproductible). Nous les hommes, restons humbles, car petits, mais reconnaissants, car uniques.

PG 7.12.2013 

 

 

Boson de Higgs, clin d'oeil de Dieu

Journée historique que ce 4 juillet 2012. Les physiciens du CERN ont pu affirmer pour la première fois que l'insaisissable boson de Higgs, la "particule de Dieu" selon un raccourci usuel, avait été observé. Bravo à tous ces spécialistes hautement compétents pour leur ténacité et pour avoir discerné, grâce à une technologie de tout premier plan, ce qui a dû se passer immédiatement après le Big Bang (un millième de milliardième de seconde après, c'est peu de chose...).

Question pertinente mais peut-être un peu perfide de Darius Rochebin à Yves Sirois, le physicien invité sur le plateau de la RTS: comment vont réagir les religions à cette découverte ? Réponse de l'intéressé, prévisible dans sa première partie: les religions s'adapteront comme jusqu'ici aux avancées de la science, mais pour le moins déconcertante dans son final: ... et elles s'adapteront aussi à ce que notre univers soit né "à partir de rien, d'une fluctuation quantique".

Quel incroyable toupet et quel dérapage philosophique de la part d'un chercheur assurément brillant et reconnu !

S'il y a eu une "fluctuation", c'est bien de quelque chose... et donc l'univers n'est pas parti de rien (argument habituel des scientifiques athées se mêlant de religion, qui essaient de mettre sur le compte d'une "énergie" préexistante la constitution de la matière, mais sans dire comment cette "énergie" existait déjà sans être celle de Dieu). En fait, le "rien" ne peut pas fluctuer, c'est basique et même avec seulement deux ans de physique au collège, je peux le comprendre et l'affirmer.

Si en revanche l'univers est vraiment parti de "rien", c'est que "quelqu'un" l'a fait surgir du néant. Personnellement, j'en suis encore plus persuadé à partir d'aujourd'hui. Déjà en sachant que l'espace et le temps sont des valeurs issues du Big Bang, je me disais que seul un Créateur éternel et infini (sans temps et sans espace) pouvait en être l'auteur. L'incroyable quantité, qualité, robustesse et longévité de la matière existant depuis 13.7 milliards d'années, ainsi que son fonctionnement merveilleux, imperturbable et aux règles inchangées durant toute cette période, m'avaient convaincu que le hasard ne pouvait avoir fait émerger du "rien" un corpus aussi époustouflant. Mais maintenant que je sais que tous nos protons, neutrons, électrons et autres éléments essentiels baignent depuis le début (à un millième de milliardième de seconde près) dans un champ de particules qui donne toute sa structure à la matière que nous connaissons (y compris les neurones d'Yves Sirois et la basilique Saint-Pierre, mais pas seulement), comment est-il encore possible d'envisager la naissance de notre Univers comme une improbable saute d'humeur d'une "énergie" qui ne serait pas divine, comme une suite fortuite d'une explosion sans cause ? Non. C'est maintenant clair pour moi. La fameuse "soupe" primitive a en fait été d'emblée orientée, bichonnée, orchestrée. Ce lancement a été extrêmement bien huilé. On connaissait la précision de l'expansion de l'Univers, qui l'empêche soit de se recroqueviller sur lui-même, soit de se disperser à l'excès. On sait dès aujourd'hui que le bébé Univers avait déjà en lui, à l'origine, tout pour réussir.

Les physiciens sont imbattables pour la description des phénomènes physiques. Pour le reste, et en particulier pour les questions philosophiques de base comme celle de la causalité, ils doivent comme nous faire preuve d'humilité. S'ils veulent discuter - c'est le droit de chacun - sur l'existence d'un Dieu créateur, qui n'est pas une notion des sciences exactes, ils doivent, comme je viens de le faire, procéder à une réflexion logique et honnête sur la base de l'observation du réel.

Quant à la foi (celle du charbonnier comme celle de l'astronome), elle se situe sur un tout autre plan, même si l'approche rationnelle esquissée ici ne peut que renforcer ma croyance (Dieu est aussi raison, en grec logos qui veut dire également parole...). La foi n'est pas un raisonnement par a + b, mais découle d'une conversion du coeur. Personnelle et intime, elle peut se vivre encore mieux en communauté sans toucher à la liberté de chacun. Pour moi, en tout cas, elle représente l'adhésion à la personne de Jésus de Nazareth, Christ-Eucharistie, qui est le chemin, la vérité et la vie, la remise entre ses mains de toute mon existence et l'engagement à sa suite, en Eglise, dans l'amour de Dieu et du prochain.

 

Pierre Gauye

4.07.2012

 

 

 

 

 

 

Pour des débats équilibrés

Trop souvent, dans un débat, notamment philosophique ou religieux, l'échange d'idées ne peut vraiment avoir lieu. Des considérations polémiques et simplificatrices, des procès d'intention, des pétitions de principe, obstruent l'expression constructive d'opinions. Les intervenants qui demandent une certaine fermeté de doctrine sont cloués au mur comme intégristes. Ceux qui disent ne pas vouloir la mort du pécheur sont stigmatisés comme laxistes. Et pourtant, notre modèle, Jésus, le Christ, a bien montré la voie à suivre: être intransigeant sur le message et miséricordieux avec nos frères humains, même ceux qui en sont les plus éloignés...

Pierre Gauye

25.02.2012

Simplicité franciscaine

L'arrivée de notre nouveau pape François a fait tomber les apparats dans l'Eglise et remis en place ceux qui agissaient comme des apparatchiks... A mon avis, cet ouragan d'Esprit Saint  devrait aussi souffler sur la politique, la société. Revenons à l'essentiel. Mettons-nous à la même table, comme le propose Valais 2020 pour l'avenir de notre canton. Ecoutons la plainte du pauvre et tendons l'oreille vers celui qui n'a pas de voix. Pas de jugement de la personne de l'autre mais une présentation sereine des arguments et - ne l'oublions pas - des informations de chacun. La confrontation est légitime mais elle est d'abord celle des idées et des faits. Elle ne débouche pas sur la mise à mort symbolique de l'autre mais sur une solution viable où tous trouvent leur compte.


Pierre Gauye

7.12.2013

Traiter avec humanité, c'est beau et ça rapporte !


Les patients peuvent se réjouir grâce à l'émission "Impatience" de l'autre soir à la Radio suisse romande - La Première. Le professeur Alain Golay, des HUG, y a très heureusement démontré que le sens de l'humain, de la rencontre, n'est pas une douce rêverie, mais une voie des plus efficaces vers la guérison, ou du moins vers le bien-être maximal des malades. Une pédagogie, parfois d'une simplicité déroutante, est pratiquée: ainsi, les patients, qui mangeaient auparavant debout, seuls, sans horaire précis, sont mis ensemble autour d'une table et devisent calmement durant et après leur repas. Leur maladie est ainsi bien mieux acceptée et gérée, et ils se sentent plus heureux. La mise en place d'une "éducation thérapeutique" avec des mesures de ce genre est très efficiente: pour 1 franc investi dans un tel projet, l'économie pour les frais de la santé est de 4 francs. Le nombre d'amputations à effectuer sur des diabétiques a ainsi été réduite de 80% depuis que cette éducation a été introduite. Une fondation a été créée par le Prof. Golay sur le plan suisse: elle permet de propager cette excellente idée dans notre pays, malgré les réticences du début. La médecine, c'est bien sûr des diagnostics et des traitements, des hospitalisations et des médicaments, mais elle devient encore plus performante si la totalité de l'homme y est prise en compte. Bel exemple, à suivre, du côté de Genève. 


PG - 8.01.2012


La philo, c'est pour tous, ça commence dès qu'on cherche au-delà de l'évidence, au-delà des préjugés. Comme première petite pousse, voici un texte écrit il y a 9 ans maintenant pour la rubrique "L'invité" du Nouvelliste, journal valaisan, mais qui reste, à mon avis, actuel.          PG - 13.12.2011

 

Des étoiles et des racines

 

Aux approches de Noël, nos rues et nos places sont en fête, ornées d’étoiles, de cœurs et de guirlandes, arborant des colliers de lumière. Nous célébrons la venue du Sauveur, chacun le sait, même si d’aucuns semblent préoccupés, avant tout, par l’achat de cadeaux et la préparation des repas festifs.

La fête de la Nativité reste, sous nos latitudes, un événement religieux et culturel fort. Les églises sont pleines, les familles décorent leur intérieur, les générations se rencontrent. On peut se réjouir de cette activité joyeuse qui reflète toute la richesse de la tradition chrétienne et occidentale.

Il existe bien sûr pendant toute l’année une vie culturelle intense dans nos cités et nos bourgades valaisannes. Chœurs et fanfares, théâtres et groupes de danse, auteurs de livres et de disques, tous rivalisent de qualité et d’imagination. Dans bien des cas, les traditions et les racines de notre population sont encore mises en valeur : chants en patois, danses d’autrefois, histoire locale, cuisine naturelle. A cela s’ajoute une offre plutôt vaste en spectacles d’autres continents, dont le succès grandissant est dû à l’authenticité et à la personnalité de leurs acteurs. Enfin, last but not least, l’influence anglo-saxonne s’exerce sans modération sur les jeunes amateurs de musique; il n’est que de lire certaines affiches pour s’en convaincre.

Face à ce tableau polychrome et multi-ethnique, on se réjouit, certes, car un peuple refermé sur lui-même ne peut survivre. Toutefois, des supports culturels d’aujourd’hui, notamment les jeux vidéo qui passionnent 70 % de la jeunesse française, recèlent de gros dangers. Ils ne véhiculent pas l’histoire et la tradition des pays où ils sont vendus, ils coupent les jeunes de leurs racines et de leurs valeurs et les enferment dans un monde virtuel anonyme. Alors, est-elle menacée, la féérie de Noël ? Vont-elles disparaître, les troupes théâtrales de nos villages ? L’anglais deviendra-t-il la langue culturelle de notre canton ?

 

C’est à nous tous de répondre, en particulier aux plus jeunes et à leurs parents. Que la famille reste le lieu central de la transmission des valeurs, dans un esprit d’ouverture à ce qui est autre, mais avec le respect de nos racines. Que l’étoile de Noël nous donne le sens de notre vie, la lumière qui nous fera, Valaisannes et Valaisans, traverser les siècles.

Pierre Gauye

20.12.2002